Traduction
et adaptation par
Pascal BIMAS F1ULT du chapitre sur
les modes digitaux du dossier EUREKA
de
ZL1BPU.
La télégraphie (impliquant le Code Morse) et la téléphonie (en Modulation d’Amplitude) furent les deux premiers modes radioamateur. Avec les progrès de l’électronique et le développement de l’informatique, les modes de transmission radio peuvent maintenant être classés en trois catégories, à savoir les modes vocaux, les modes de transmissions de données analogiques pour les images et les modes de transmissions de données digitaux pour les données. Nous allons juste nous intéresser aux techniques employées habituellement pour cette dernière catégorie.
Du point de vue d’un Radioamateur, un mode digital qualifié aussi de numérique est un mode où les données à envoyer (généralement du texte, mais ce peut être un fichier informatique, une image ou un son numérisé) sont transmises par une série d’états binaires tout/rien. En d’autres mots, toutes les données, quoi qu’elles représentent ou quelles que soient leurs complexités, peuvent être définies et transmises comme une suite de décisions oui/non, allumé/éteint, 1/0, haut/bas, MARK/SPACE, de sorte qu’à n’importe quel moment, la transmission ne puisse uniquement être que binaire, tout ou rien. C’est manifeste avec le Morse où le contact du manipulateur est soit ouvert soit fermé, le transceiver en émission ou en réception.
Fig. 1 - Signal analogique. © 2002
Université Paul Sabatier (Toulouse III)
Fig. 2 - Signal digital. © 2002 Université Paul
Sabatier (Toulouse III)
Toutefois
il est difficile d’être absolument catégorique au
sujet de la définition de certains modes
générés par un ordinateur ou tout autre
système électronique puisqu’ils peuvent à la
fois être classé comme analogique et digital. Le
Hellschreiber et le Morse sont les exemples des modes qui pourraient
être dans les deux catégories – nous les
désignerons par le terme modes "Fuzzy" (flous) étant
donné que les émissions sont essentiellement digitales
(tout ou rien) mais que la réception fait clairement appel
à un processus analogique avec une interprétation humaine
(visuelle ou sonore) au final. Cependant, les modes analogiques sont en
géneral ceux incluant la transmission d’une image alors
que les modes digitaux sont utilisés pour la transmission de
texte. Là aussi, on distingue les modes numériques
rapides pour le transfert de fichiers et ceux pour le bavardage qui
nécessitent un débit moins important. De plus, les
fichiers peuvent aussi contenir une image au lieu du texte.
Fig. 3 – un signal
analogique SSB.
Fig. 4 – un signal
tout ou rien CW
Le plus ancien mode digital utilisé
en radio est bien sûr le Morse, qui date des découvertes
en électromagnétisme et des inventions de Michael
Faraday, de Charles Wheatstone et William Cooke, de Samuel Morse et
Alfred Vail aux alentours de 1837. L’illustration sur la droite
représente l’instrument de Wheatstone le "
Télégraphe Electrique ". Le code de Morse fut en premier
employé en radio en 1898 et en 1901 Marconi utilisa le code
Morse pour franchir l’Atlantique.
Les
modes digitaux furent élaborés à partir des
applications de télégraphe automatique - transmission de
texte par fils – qui est bien sûr antérieur à
la radio. A l’origine, le système de Morse était en
fait un appareil mécanique qui imprimait des traits sur du
papier en utilisant un crayon actionné par un
électroaimant et un mécanisme d’horlogerie pour
tirer le papier. Ce fut seulement plus tard que les opérateurs
réalisèrent que les signaux pouvaient être
identifiés par les bruits de déclics à partir de
l’appareil.
Les
modes digitaux furent élaborés à partir des
techniques de transmission de Baudot, Bain (qui inventa le FAX),
Murray, Creed et Krum. Durant cette période
électromécanique, la plupart des conceptions
s’apparentaient à des machines à écrire
opérées électriquement. Une fois
l’électronique arrivée dans les années 1920,
des transmissions utilisant des tonalités furent mises en usage
et les techniques telles que le Hellschreiber, le Fac-similé
(alors considérés comme des modes digitaux) et les
téléscripteurs radio apparurent.
Le
prochain développement majeur fut l’utilisation pendant la
Deuxième Guerre Mondiale de la modulation par changement de
fréquence désignée par l’abréviation
FSK en anglais (Frequency Shift keying), qui rendit les communications
radio digitales pratiques. A la fin de la guerre, beaucoup de nouveaux
modes furent développés avec l’objectif
d’améliorer la fiabilité des transmissions. Le
Piccolo et le Coquelet procuraient une meilleure sensibilité
grâce à l’utilisation de tonalités multiples
et de synchronisation mais encore sans méthode de
détection ou de correction d’erreur.
Le
premier système de détection d’erreur à
être largement employé, le SITOR A (TOR signifiant
Telegraph Over Radio) fournissait une correspondance directe avec un
téléscripteur radio 50 baud et un système
amélioré pour les communications marines. Le SITOR a un
système simple de détection d’erreur à deux
bits combiné avec un protocole bidirectionnel de demande
automatique de répétition ARQ (Automatic ReQuest)
pour la correction des erreurs. Un autre système
apparenté, le SITOR B, utilisait le même code une
correction par avance FEC (Forward Error Correction) pour
fournir une immunité raisonnable aux erreurs en transmettant
chaque caractère deux fois. Ces systèmes codent les
données ITA2 à l’intérieure d’un
système de détection d’erreur à 7 bits
appelé Code Moore ou ITA3, où chaque
caractère reçu correctement doit toujours contenir le
même nombre de 3 bits MARK et de 4 bits SPACE.
Les
Radioamateurs connaissent ces deux systèmes respectivement sous
la forme de l’AMTOR Mode A et Mode B, ces derniers doivent
leur intégration dans la communauté Radioamateur
grâce aux adaptations de Peter G3PLX. Le SITOR reste encore
largement utilisé commercialement, la version FEC appelée
NAVTEX, est très employée pour les diffusions
météo.
A
partir de la fin des années 1970, les modes digitaux
radioamateur s’éloignèrent des
intérêts commerciaux, parce que les besoins étaient
différents et il devint utile de développer des
systèmes plus adaptés au trafic DX basse puissance. Les
systèmes commerciaux ont alors augmenté en
général au niveau coût et sophistication et sont
devenus bien au-dessus des moyens financiers du Radioamateur. Il y a eu
des exceptions notables, surtout dans les communications longues
distances HF où les Radioamateurs développèrent
des modes comme le Pactor et le Packet AX25 qui ont été
repris pour un usage commercial.
La
technologie des modes digitaux Amateur était
jusqu’à récemment en baisse au niveau des
performances derrière les services militaires et commerciaux.
Une nouvelle génération de modes digitaux basés
sur les DSP ou les PC équipées d’une carte son sont
apparus. Ces modes ont été ou sont actuellement en cours
de développement par et pour les Radioamateurs. Par exemple :
Fig. 6 – signal Pactor I
Fig. 7 – signal Pactor II
Fig. 8 – 3 signaux
PSK31 de force différente
Fig. 9 – signal
MT63 fort
Fig. 10 – signal
MT63 faible avec du QSB
Des
développeurs comme ceux mentionnés ci-dessus, plus G4GUO,
IZ8BLY, KC7WW, N4HW, G3RUH, ZL1BPU et beaucoup d’autres
travaillent avec assiduité sur de nouveaux modes ou des
variantes de ceux déjà existants (MFSK16, MFSK8, PSK125F,
PSK63F, THROB,…). Faites attention à la sortie dans un
avenir proche de ces nouveaux programmes PC pour carte son.
L’alphabet d’un texte qui peut
être composé de 64 à 256 caractères
différents, voir même plus, est transmis plus efficacement
en le codant en moins de bits. Les codes les plus courants sont
l’ITA2, qui est un code de 5 bits permettant 32 combinaisons, et
l’ASCII (ITA5), qui est un code de 7 bits avec 128 combinaisons
possibles. Certains modes utilisent l’ASCII étendu,
où les 128 combinaisons supplémentaires avec un code
à 8 bits peuvent être employer pour les caractères
des langues étrangères tels que
ÇüéâûÅ ou même les alphabets
japonais et russe peuvent être émis.
Registre Lettre ITA2 |
Registre Chiffres, Signes et Ponctuations ITA2 |
Codage binaire ITA2 (code Baudot ou Murray*) |
Codage binaire ITA3 (Code Moore) |
A |
- |
11000 |
0011010 |
B |
? |
10011 |
0011001 |
C |
: |
01110 |
1001100 |
D |
$ |
10010 |
0011100 |
O |
9 |
00011 |
1000110 |
R |
4 |
01010 |
1100100 |
Y |
6 |
10101 |
0010101 |
Fig. 11-
Codage des caractères : Le code ITA3 est aussi
appelé code Moore. Chaque caractère est défini par
une des 35 combinaisons possibles de 3 bits à un (mark) et 4 à zero (space) en raison du rapport
fixé à 3/4. 32 de ces combinaisons définissent le
jeu de caractères les plus utilisés et les 3 restantes
servent pour le contrôle d’erreur et
l’attente/synchro. (*Le code Baudot est
identique au code Murray des Anglais exceptés un ou deux
caractères.)
Les
codes mentionnés ci-dessus sont réguliers,
c’est-à-dire qu’ils ont le même nombre de bits
pour chaque caractère. Si un code irrégulier
appelé aussi varicode est employé, un arrangement
efficace peut être atteint afin que peu de bits soient
envoyés pour les caractères les plus fréquemment
employés. Le Morse et le PSK-31 utilisent tous les deux des
varicodes.
Caractère |
Varicode Morse |
Varicode PSK31 |
Varicode MFSK16 |
Fréquence d’emploi |
espace |
(durée : 3 points) |
1 |
1 |
importante |
a |
.- |
1011 |
1011 |
7,4% |
e |
. |
11 |
11 |
13% |
E |
. |
1110111 |
1110111 |
13% |
F |
.-.. |
11011011 |
11111000 |
2,8% |
Z |
--.. |
1010101101 |
1010101101 |
0,1% |
Fig. 12 : Exemples
des varicodes utilisés en CW, en PSK31 et en MFSK16. Les
varicodes du PSK31 et du MFSK16 ne sont pas complètement
identiques. Le code en MFSK16 permet d’utiliser des
séquences de bits contenant plus de deux zeros consecutifs
(lettre F par exemple). Ce n’est pas le cas du PSK31 où,
pour s'affranchir
des problèmes de synchronisation, ils servent de code de séparation
des caractères. Ce qui implique que la
séquence 00 n’est jamais employé dans le codage
d’un caractère en PSK31 La conception du
varicode tient compte de la fréquence d’utilisation des
caractères : les minuscules sont plus rapides à
être transmises que les majuscules.
Il
faut bien faire la distinction entre ces 2 notions. Le codage
n’est pas secret, il permet juste de transposer un message clair
en informations codées. Ces dernières sont aussi
associées en plus à des protocoles, par exemple les bits
de start/stop en RTTY, qui permettent d’obtenir la
compatibilité dans les echanges. Le codage peut également
fournir la possibilité de compresser des données, ce qui
autorise une transmission plus rapide. Au niveau fiabilité, il
peut aussi remplir éventuellement le rôle de
détection et/ou correction des erreurs de transmission.
L'ensemble code plus protocole est désigné
généralement par le terme "Mode" dans le langage courant
des radioamateurs.
Au
contraire, le cryptage brouille volontairement un message clair. Ainsi
il ne pourra être intercepté par personne d'autre que son
destinataire. En plus de la confidentialité, le chiffrage permet
d’authentifier l’expéditeur du message et aussi de
s’assurer que ce message n’a pas été
modifié. Le message crypté peut ensuite être
codé comme n'importe quel message clair avant sa transmission
Le
codage est un élément important dans les transmissions de
données pour les opérateurs Radioamateur - il est
essentiel que les modes utilisés par les Amateurs emploient des
codes de données publiquement reconnus. Si ce
n’était pas le cas, les données seraient en effet cryptées,
c’est-à-dire dissimulé d’un point de vue
public et par conséquent contraire à la
réglementation radioamateur. Pour cette raison, toutes les fois
qu’un nouveau code de données ou un code FEC est
développé, il est nécessaire qu’il soit
rendu public avant que les Radioamateurs ne soient autorisés
à l’utiliser sur l’air. La même chose est bien
sûr vrai pour n’importe quelle technique de compression
employée.
Les modes codés utilisent
un système (habituellement une grille de code) pour convertir
les données source en un nombre limité de bits pour une
transmission efficace. Des exemples sont le code ASCII employé
par les ordinateurs ou le code ITA2 utilisé par les
téléscripteurs, (qui n’est pas la même chose
que les codes Baudot ou Murray). Certains codes, par exemple les
codages Walsh, Reed-Solomon et le code Moore de l’AMTOR rajoutent
des informations supplémentaires de redondance pour permettre
une certaine détection des erreurs et parfois même leurs
corrections.
Il
peut y avoir jusqu’à trois
niveaux de codage - le codage des données pour
encoder le jeu de caractère, puis le codage FEC
pour fournir une correction ou une détection
d’erreur et un algorithme de compression pour
améliorer la rapidité.
Certains
modes, comme le RTTY ou le BPSK en PSK-31, utilisent un codage des
données mais pas de codage FEC. D’autres, comme le QPSK en
PSK-31 et le Clover, utilisent les deux. Le Pactor emploie le codage de
Huffman, une technique de compression. Bien sûr d’un point
de vue Radioamateur, les codes et les techniques utilisés
doivent faire parti du domaine public ou ils seraient alors
considérés comme un cryptage qui n’est pas
autorisé par le service Amateur.
Avantages des transmissions codées :
Les modes codés sont plus
efficaces ;
Les codes sont adaptés aux
techniques de compression et d’encryptage des
données ;
Les systèmes codés sont
appropriés pour la réception mécanique ou
électronique automatique (sans surveillance) ;
La détection et la correction
automatique des erreurs sont possibles.
Inconvénient des transmissions
codées :
Plus complexes que les systèmes non
codés ;
Nécessite des équipements
complexes ou d’ordinateurs pour encoder ou décoder les
données ;
Enclin aux erreurs du bruit puisque
qu’un simple bit de données erroné change
complètement les données reçues.
Les
modes non codés n’utilisent pas de codage
- le signal est transmis directement, soit scanné, comme dans le
FAX ou le Hellschreiber ou comme du langage en temps réel comme
pour le Morse ou la phonie. Le Morse n’est pas
considéré comme un code par les utilisateurs
expérimentés mais plutôt comme un langage naturel.
Les modes non codés sont analogiques par nature, mais ils
peuvent être transmis et reçus en utilisant des techniques
digitales si des règles simples sont suivies.
Fig. 13 : QSO en
Hellschreiber entre PA0EE et S57MK.
Avantages des transmissions non
codées :
Moins complexe et
généralement très immunisé contre le
bruit ;
Reconnaissance des modèles de
l’œil/l’oreille/cerveau humain et réjection du
bruit utilisées ;
Reconnaissance humaine du contexte
utilisée pour interpréter les caractères
douteux ;
Pas de synchronisme nécessaire, par
conséquent pas d’erreur par perte de synchronisme ;
Le matériel nécessaire est
souvent très simple.
Inconvénients des transmissions non
codées :
Les transmissions sont plus lentes et
moins efficaces car plus de données sont envoyées ;
L’impression de listing papier est
possible mais n’est pas si simple à produire ;
Les copies informatiques du texte
reçu ne sont généralement pas
récupérables sous forme de fichier texte.
Un système digital synchrone
correspond à celui où les bits de données sont
envoyés d’une manière continue et où ils ont
tous la même durée. Grâce à
l’utilisation de certaines techniques externes à la
transmission des bits de données, le récepteur est
capable de se verrouiller sur les bits de données, de les
décoder pour restituer les caractères. Par exemple, le
PSK31 est synchronisé en se verrouillant sur l’enveloppe
cosinusoïdale des bits de données;
le packet AX25 est synchronisé par une suite unique de bits au
démarrage de chaque transmission; tandis que l’Amtor mode
B utilise des groupes répétés de
caractères.
L’avantage
d’un système synchrone est, qu’une fois que la
transmission est commencée, le temps n’est pas perdu
à envoyer des données de synchronisation. De
surcroît, l’utilisation d’un système synchrone
peut fournir de meilleures performances si les bits de données
peuvent être démodulés d’une manière
synchrone (comme dans le PSK-31). Plusieurs modes orientés bit
emploient des techniques synchrones.
Un
système asynchrone ou avec des bits de start-stop utilise un bit
spécial au début de chaque caractère pour signaler
le commencement et un autre à la fin de chaque caractère
pour signaler l’arrêt. Le délai entre
caractères peut être de n’importe quelle longueur
au-delà de la durée du bit de stop. Le RTTY et le GL-Hell
sont des systèmes asynchrones.
Fig.
14 : GH-Hell, un système asynchrone L'illustration
sur la droite est une reproduction extraite du manuel de la machine
GL-Hell de Siemens. La technique de démarrage et arrêt
automatique a été intégrée à
l'émetteur-récepteur en ajoutant une barre verticale dans
la colonne I, sur le côté gauche de chaque
caractère transmis. Notez sur la matrice dans la colonne I la
zone hachurée sur la gauche de chaque caractère, elle
représente "l'Impulsion de Démarrage". La
réception de cette période d'émission avant chaque
caractère par le récepteur lance le mécanisme de
rotation, en libérant un loquet électromagnétique.
L'espace blanc à la fin du caractère, dans la colonne
VII, permet au mécanisme de se reverrouiller. A cet
égard, la police utilisée par le système GL est
identique au système Feld-Hell, ce qui inclue la
"règle des deux pixels" et la compensation d'un pixel
solitaire par un second, nettement visible ici sur le "6". |
|
Par exemple, RYRY transmis en Baudot plusieurs fois à la suite donne 1001010 R| 1010101 Y| 1001010 R| 1010101 Y... Pour chaque mot, le premier bit à 1 est le bit de stop du caractère précédent. Le 0 suivant est le bit de start du caractère. Les 5 bits suivants (01010 ou 10101) sont le code Baudot du caractère, utilisé pour la traduction.
Il est tout à fait possible
d’établir une liaison par communications radio avec
succès sans correction d’erreur, cela a été
le cas avec le RTTY depuis plus de 40 ans et c’est encore le cas
avec le nouveau mode PSK-31. Vous devrez simplement vous accommoder des
erreurs occasionnelles ou plus qu’occasionnelles lorsque les
conditions seront médiocres. Cependant, il y a des applications
où la précision des communications est importante.
Afin
de détecter l’apparition d’une erreur, certains
types d’informations supplémentaires doivent être
ajoutés aux données transmises. Cela aurait pu être
aussi simple qu’un bit de parité. Par exemple,
quand une "parité paire" est employée, le bit de
parité est rajouté pour s’assurer que le nombre de
bits MARK (1) dans chaque caractère soit paire. Malheureusement,
la parité n’est pas assez efficace pour les applications
radio. Le Code Moore utilisé pour l’AMTOR
contient deux bits d’information supplémentaire par
caractère qui fournissent de meilleures performances mais ne
peuvent encore détecter certaines situations d’erreur, par
exemple lorsqu’il y a deux bits en erreur dans le même
caractère. Des systèmes plus efficaces fournissent une
meilleure détection des erreurs mais aux dépens
d’une augmentation de la redondance,
c’est-à-dire plus d’informations par
caractère de données. Certains systèmes de
correction d’erreur sont assez puissants pour offrir la
possibilité de rétablir réellement les
caractères endommagés avec un haut degré de
fiabilité. Il existe un grand nombre de techniques
différentes (et souvent mathématiquement complexe) de
détection et de correction d’erreur, leur usage
dépend de manière importante du type d’application.
Le contrôle de
Parité
Le contrôle de parité est un des systèmes de contrôle les plus simples. Il consiste à ajouter un bit supplémentaire (appelé bit de parité) aux bits de données pour s’assurer que ces derniers ont été théoriquement reçus sans erreurs. Deux codages sont possibles :
-
la parité
paire où le bit de parité est à 0 si le nombre
de bits à 1 est pair.
-
la parité
impaire où le bit de parité est à 0 si le
nombre de bits à 1 est impair.
Il
convient de noter que la contrôle d’erreur par un bit de
parité ne permet pas de détecter un nombre pair
d’erreurs.
Le bit de start vaut toujours 0 et le bit de stop 1. Ainsi, le début d’un caractère est toujours marqué par une transition de 1 à 0. Elle joue à la fois le rôle de synchroniseur et de délimiteur. La dérive des horloges de l’émetteur et du récepteur peut ainsi être annulée à chaque nouveau caractère.
Fig.
15 - Panneau de réglage du codage binaire dans le logiciel MMTTY.
Prenons tour d’abord comme exemple,
le caractère L avec une parité paire en ASCII.
Puis dans l'exemple suivant, prenons le
caractère T avec une parité impaire toujours en ASCII.
L’ARQ ou Automatic ReQuest
repeat, est un système qui utilise la détection
d’erreurs pour demander que les données soit retransmises
jusqu’à ce qu’elles soient reçues
correctement. Certains systèmes, comme le Pactor, sont capables
d’ "additionner" les données reçues, en
complétant les données erronées à partir de
plusieurs tentatives et en fin de compte reconstituer les
données correctes sans jamais recevoir une suite de
données complètement exemptes d’erreur. Les
techniques ARQ sont bien mieux adaptées aux transmissions de
type paquets et elles ne sont bien sûr pas utilisables pour des
communications en situations de réseaux ou en situations
d’écoutes seulement, puisque aucune demande de
répétition n’est possible.
Fig. X
– Modes utilisant la technique ARQ (ACKNOWLEDGE étant
l’acquittement de la station recevant les données).
Le FEC ou Forward Error Correction
est une technique qui implique d’envoyer des informations
supplémentaires suffisantes pour
s’assurer que les données seront reçues
correctement. Par exemple, si chaque caractère est envoyé
deux fois en utilisant un simple code de détection
d’erreur (comme c’est le cas avec l’AMTOR mode B et
le Navtex), le système de réception a deux chances de
recevoir chaque caractère. Si le premier est erroné, il
peut afficher le second. Si ce dernier est aussi mauvais, le
système sait afficher un blanc ou, dans les systèmes
combinés FEC/ARQ, demander une répétition.
Certains
systèmes FEC sont très robustes et peuvent reconstruire
les données malgré des erreurs de caractères
répétées. Il existe des systèmes FEC
spéciaux orientés bits de même que des
systèmes orientés caractère, avec des noms
intéressants comme codage Golay, Reed-Solomon, Viterbi, Walsh et
Trellis. Les systèmes FEC sont parfaits dans les situations
où il n’y a pas la possibilité de répondre
à une demande de répétition. Par exemple, Voyager
qui sondait Saturne et Jupiter, utilisait un système de codage
FEC de type Golay.
J’espère
que cette initiation aux techniques utilisées par les modes
digitaux vous incitera à approfondir le sujet et à lire la suite les Modes Digitaux et autres MGM en HF.
Traduction et adaptation de Pascal F1ULT
GLOSSAIRE :
- MARK : état logique 1 du signal
correspondant à la plus basse des fréquences (FSK) ou au
signal (AM/CW)
- MODULATION : opération destinée à
transformer un signal utile de données en un signal compatible
avec le circuit de transmission. L'opération s'effectue en
faisant varier en fonction du signal utile, un ou plusieurs
paramètres (phase, amplitude, fréquence) d'une ou
plusieurs "porteuses" constituant le signal transmis.
- FEC (Forward Error Correction) : Système dans lequel une redondance est ajoutée, à l'émission, au message de façon que les erreurs soient corrigées dynamiquement, à la réception, dans le décodeur.
Documentation
consultée et sites visitées :
- Renaud de La Taille, "CRYPTAGE SUR
INTERNET : LES NOUVEAUX MASQUES DU CRIME", SCIENCE ET VIE
N°953 février 1997, p. 52 à 57 ;
- Jean-Claude AVENI FB1RCI, "LA
COMPRESSION DE DONNEES ET LA COMPRESSION D’ERREURS",
RADIO-REF N° 672 novembre 1995, p.17 à 20 ;
- Phil ZIMMERMANN, le logiciel PGP
et son fichier d’aide ;
- Patrick F6CTE, "Modes
numériques de types "discussion" (partie 1 et 2)",
ONDES MAGAZINES N°9 aout/septembre 2003, p. 40 à 42 et
N°10 octobre/novembre 2003, p.22 à 24 ;
-
Jean-François Pillou, son site de vulgarisation de
l’informatique http://www.commentcamarche.net/
;
- le site de Institut Universitaire
Professionnalisé en Systèmes de
Télécommunications et Réseaux Informatiques de
Toulouse http://www.httr.ups-tlse.fr/pedagogie/cours/index.html
- le site de ressource en ELECTROTECHNIQUE
SITELEC http://sitelec.free.fr
Copyright © M. Greenman 1997-2012 pour le document source. Copyright ©Pascal BIMAS 1997-2012 pour la traduction/adaptation. Tous droits réservés. Contactez l'auteur original ou le traducteur avant tout usage du contenu de cette page.